Couverture du livre





Premiers, deuxièmes, troisièmes enfants:
trouver sa place en famille puis en société





Une étude inédite pour mieux comprendre et mieux vivre,
à tout âge, sa dynamique familiale et biographique.



Comment se fait-il que les membres d’une même fratrie soient si différents les uns des autres ? Ne sont-ils pas issus des mêmes gènes ? N’ont-ils pas été éduqués par les mêmes parents ? Des études montrent pourtant qu’ils ne se ressemblent pas plus que des individus choisis au hasard dans la population. La littérature moderne sur la fratrie explique ces différences uniquement par la diversité du comportement des parents envers chaque enfant. Il est vrai que les parents accueillent leur premier enfant avec davantage de curiosité, d’attentes et de projections que les suivants, car cet enfant va profondément transformer leur vie. Ce fait peut donc expliquer certaines particularités de l’aîné, mais non les différences entre les cadets, dont l’arrivée ne bouleverse de loin pas autant la vie des parents.


Dans ce contexte, Ingo F.Schneider suit une approche originale : il délaisse la piste de l’influence parentale pour étudier la dynamique propre du système familial, notamment entre les enfants, se posant les questions fondamentales suivantes :



Quelle situation chaque enfant trouve-t-il à son arrivée dans sa famille?
Quel rôle son rang de naissance l’oblige-t-il à assumer?



Ingo F.Schneider choisit les critères révélant les différences entre les frères et sœurs parmi les termes que les parents utilisent spontanément en décrivant leurs enfants. Un vocabulaire surgit ainsi qui montre les divers tempéraments et caractères des enfants. Il réussit ainsi à dresser des portraits d’une stupéfiante netteté.


Un livre vivant, étayé de témoignages et de cas concrets, qui aide les parents à mieux comprendre la place de chacun dans la famille. Un ouvrage aussi pour les adultes ou adolescents souhaitant comprendre leur rang de naissance pour mieux gérer leurs relations fraternelles et leur rôle social. Enfin un livre qui peut être très utile aux professionnels de l'enseignement et de l'éducation.


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Antécédents





Mes recherches se fondent en grande partie sur des expériences personnelles vécues au quotidien et qui, pour les plus anciennes, remontent à ma propre enfance de benjamin dans une fratrie de cinq.


À 40 ans, devenu père avec ma compagne aînée de dix enfants, nous connaissions intimement la dynamique des grandes familles. De part l’éducation de nos deux enfants et au travers de mon activité tournée essentiellement vers la pédiatrie, j’ai constaté que tous les étonnements, questionnements et soucis liés à l’éducation des enfants se projetaient régulièrement hors de notre propre cadre familial, trouvant ainsi une résonance dans un contexte plus vaste et général. Au fil du temps, j’ai compris que nombre de nos observations particulières de parents s’inscrivaient dans le cadre de lois générales.


Pour confirmer ces lois générales j’ai pu développer avec Christine Bruchez, psychologue et assistante à l’université de Lausanne, un questionnaire, basé sur le témoignage de 70 familles.


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Extraits du livre





(...)






...Pourquoi Anna, l’aînée, essaie depuis toute petite déjà de manger avec les couverts, comme ses parents, tandis que sa petite sœur persiste à manger avec les doigts? Pourquoi un enfant aîné, quand vient une visite, reste à distance et observe, tandis que son petit frère tourne aussitôt autour du visiteur et lui parle sans gêne? Pourquoi un adulte premier-né se soucie d’être accepté, d’être reconnu et d’être respecté, tandis qu’un deuxième-né s’inquiète davantage qu’on le trouve sympathique, aimable et drôle et qu’on tient compte de lui?...



Le premier enfant naît.

Il s’habitue à voir ses parents. Il est toujours en face des deux mêmes visages, celui de sa mère et celui de son père et tente alors de devenir comme eux. C’est avec eux en effet qu’il met en place la première forme de vie communautaire de son existence, une expérience indélébile qui l’accompagnera jusqu’à la fin de ses jours.

À ce stade, les seuls et uniques partenaires de l’enfant dans son foyer sont donc ses parents…



Le deuxième enfant naît.

Il découvre trois visages, appartenant à trois personnes déjà habituées les unes aux autres. Deux sont des visages d’adultes, le troisième est celui d’un enfant plus âgé, l’aîné, avec qui il va bientôt jouer et se disputer. Cet autre enfant l’intéresse beaucoup plus que les adultes. …

… Il n’a pas uniquement deux adultes pour partenaires, mais découvre aussi un autre enfant, qui se tient entre lui et ses parents et l’en protège quelque peu. Ce monde des adultes perd ainsi de son caractère contraignant. Le second enfant semble mieux s’accommoder de la différence entre lui et les adultes. Il se tourne plus librement vers les objets environnants, partant à la découverte d’un monde de sensations …



Le troisième enfant naît.

Lorsque le troisième enfant arrive dans la famille, le partenariat polaire établi entre ses deux aînés est pour ainsi dire verrouillé. Il n’y a pas de place pour lui et il ne lui reste donc, au début, qu’à se tourner vers sa mère. …

… Souvent le troisième enfant est décrit comme le « chou-chou » de maman. …

… Des expressions comme le soleil de la famille, un enfant rayonnant, joyeux, rayonnant de joie ou encore plein de joie de vivre reviennent constamment dans les descriptions de troisièmes enfants.

… Alors que le premier enfant assimile les lois et les règles et que le deuxième ne s’y intéresse pas et les ignore, le troisième les contourne et louvoie entre elles…



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… Cette répétitivité des formes d’expression de chaque position dans la fratrie me frappe d’autant plus lorsque je vois successivement plusieurs enfants du même rang de naissance. En effet, même si ces enfants ont des caractères et des tempéraments très différents qu’ils me sont amenés pour des problèmes de santé très variés et proviennent de milieux sociaux et culturels les plus divers, l’uniformité avec laquelle leurs parents en décrivent les formes d’expression caractéristiques, souvent en usant du même vocabulaire, est saisissante.

On voit donc que l’imprégnation à vie déterminée par une position donnée dans la fratrie n’entrave en rien l’épanouissement de l’individu…



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