Reprenons pour exemple le mouvement cyclique entre bien-être et mal-être. Nous savons pertinemment que nous ne commençons jamais un nouveau cycle exactement dans les mêmes conditions que le précédent. Pourquoi? Simplement parce que chaque cycle bien-être/mal-être est une expérience qui nous a fait évoluer. Le troisième aspect de la polarité est donc le moteur de notre croissance, de notre développement et de notre épanouissement.
Il ne faut toutefois pas oublier que cette vision géométrique des polarités n’est qu’une simplification sommaire de la réalité. Nous vivons en effet dans un enchevêtrement complexe d’hélices telles que décrites ci-dessus, qui se superposent les unes aux autres et s’influencent réciproquement, pilotées par le troisième aspect de la polarité inhérent à chaque cycle. Nous sommes exposés en permanence aux rythmes de notre cœur, notre respiration et notre digestion, à ceux de l’éveil et du sommeil, du bien-être et du mal-être, ainsi qu’à de nombreux autres rythmes extérieurs, souvent dictés par notre vie sociale, comme ceux des heures, des jours, des semaines, des mois et des années. Notre parcours de vie lui-même suit des cycles qui débutent souvent par des événements patents, comme la croissance de la première dent de lait puis de la dentition définitive, la puberté, la fondation d’une famille, la retraite, etc. De même, une jeune plante produit à intervalles réguliers, tout le long de sa tige, des feuilles qui changent légèrement de forme au fur et à mesure qu’elle croît. La plante passe ensuite à la production de sépales, de pétales, d’étamines et de pistils, entrant alors dans un nouveau cycle, celui de la croissance végétative et du développement de sa semence.
On peut admettre que le troisième aspect de la polarité relève d’une loi fondamentale s’appliquant à toute polarité et qu’il est indispensable pour dépasser le cadre étroit et limité des mouvements cycliques fermés. Il nous permet de prendre du recul par rapport aux événements du moment, de reconnaître des causalités et des liens avec d’autres cycles. Il ouvre des possibilités créatrices au cycle suivant, de sorte que celui-ci, bien que sa structure de base reste inchangée, peut progressivement s’engager dans de nouvelles voies. Le troisième aspect de la polarité permet aussi aux cycles inhérents aux différents systèmes fonctionnels d’interagir entre eux. Ainsi, le «sens» que la manière de fonctionner d’un système donné a pour les autres systèmes devient évident et nous constatons alors que, sur le plan psychique également, le troisième aspect de polarité permet à chacun de se développer d’une façon qui crée du sens.
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Pour résumer, nous pouvons postuler que les polarités et leurs rythmes obéissent aux lois ci-après.
- Toute qualité implique l’existence de son contraire et c’est cette opposition que nous appelons polarité. Ainsi, de même qu’il n’y a pas de la vie sans la mort, il est impossible de penser au jour sans avoir connaissance de la nuit ou de penser « bien-être » sans avoir fait l’expérience du «mal-être».
- Toute polarité crée un champ de tension susceptible de déclencher un mouvement cyclique ou rythmique.
- Tout mouvement rythmique s’inscrit dans un axe spatio-temporel: lorsqu’un cycle s’achève, le cycle suivant ne peut en aucun cas lui être parfaitement identique, car entre-temps l’environnement a changé. Le nouveau cycle est donc similaire au précédent. L’interaction entre le cycle et son environnement permet au cycle d’évoluer selon le modèle du mouvement en hélice, qui représente le troisième aspect de la polarité
Ils jalonnent notre quotidien, mais souvent nous ne nous rendons pas compte que durant ces états nous nous trouvons en milieu d’une dynamique polaire, comme dans le bien-être et le mal-être, dans les interactions entre hommes et femmes dans leur polarité du genre, dans les interactions et formes d’expression polaires des enfants (admirer/mépriser, jouer/se disputer, penser/agir, curiosité/désintérêt, timide/contrat facile ou encore s’appliquer/s’impliquer). Pris pour eux-mêmes, tous ces pôles ne sont guère significatifs. Il faut donc les considérer dans leur dynamique duale, complétée par le troisième aspect de la polarité.
Enfin, le caractère tridimensionnel des polarités peut donner une explication du phénomène de la périodicité de trois aux positions dans la fratrie.
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