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I. Concepts





1. Le concept dynamique de la polarité



La périodicité de trois caractérisant la typologie des rôles dans la fratrie surprend. Elle ressort pourtant clairement des questionnaires comparatifs réalisés dans les fratries. Ces enquêtes montrent en effet que l’opposition polaire observée entre les deux premiers enfants se répète entre le quatrième et le cinquième enfant, le septième et le huitième, etc. La question se pose donc de savoir pourquoi elle ne se répète pas directement entre le troisième et le quatrième, le cinquième et le sixième, le septième et le huitième, etc., autrement dit pourquoi le troisième enfant, puis le sixième, le neuvième, etc. s’intercalent entre chaque polarité, comme un tampon. Étant donné que le comportement des parents ne présente aucun rythme ternaire susceptible d’expliquer cette périodicité de trois, le phénomène semble être révélateur d’une loi intrinsèque de la dynamique des relations dans la fratrie.


Ces questions sur la périodicité de trois ne datent bien sûr pas d’aujourd’hui et des réponses sont venues d’autres domaines de recherche étudiant des interactions dans des phénomènes polaires. L’approche dynamique de la polarité que je propose ici répond à quelques unes de ces questions, mais en soulève également de nombreuses autres.





Polarités, cycles et rythmes



Les polarités sont omniprésentes. Nous en sommes littéralement entourés. Partout, des forces opposées agissent, créant continuellement des tensions qui peuvent générer des mouvements et des transformations.


L’univers et la nature illustrent bien la loi fondamentale selon laquelle tout mouvement résulte d’une séparation, d’une tension, d’une opposition ou d’une polarité. Nous connaissons bien les changements entre le jour et la nuit, l’été et l’hiver, la vie et la mort. De même, la croissance des plantes résulte de mouvements opposés, dirigés par exemple vers le haut et vers le bas.


Le fonctionnement de notre organisme repose lui aussi sur de nombreuses polarités qui interagissent de manière complexe. Ainsi, dans notre tissu osseux s’activent en permanence des cellules qui construisent et d’autres qui détruisent l'os. Notre système nerveux végétatif présente aussi deux pôles – les systèmes sympathique et parasympathique – entre lesquels nous oscillons constamment. Chez l’animal, par exemple, ces pôles sont associés à des comportements de chasse, d’effort, de peur et d’agressivité pour le premier et de repos, de digestion et de sommeil pour le second. Dans ce que nous ressentons, nous passons aussi souvent d’un pôle à un autre: il y a les bons et les mauvais jours, les moments de bien-être et ceux de mal-être, autant de «ressentis» subjectifs qui nous accompagnent continuellement, reflétant notre réalité quotidienne.


Ces changements d’états résultent de tendances à la fois opposées et complémentaires, qui interagissent en permanence et engendrent des mouvements cycliques ou rythmiques.


Les rythmes comportent deux phases, déterminées par des forces contraires agissant en alternance. Par exemple, le fonctionnement de notre cœur est régi par deux mouvements opposés formant une polarité: contraction pour expulser le sang (appelée systole) puis dilatation pour se remplir à nouveau de sang (appelée diastole) et ainsi de suite. Si nous imaginons chacune de ces phases isolément, sans l’influence de son pôle contraire, nous aurions d’un côté une systole sans fin qui contracterait notre muscle cardiaque à l’extrême, jusqu’à en faire une boule dure et figée dans sa forme et de l’autre, une diastole ininterrompue qui dilaterait l’organe à l’extrême, jusqu’à la désagrégation de ses parois, autrement dit jusqu’à la dissolution de sa forme. C’est donc uniquement dans l’alternance de ces deux phases polaires opposées et dans le mouvement rythmique qui en résulte que se recrée à chaque instant, loin des extrêmes, l’équilibre dynamique permettant à notre cœur de remplir sa fonction.


Le cœur présente ainsi une activité rythmique intrinsèque autonome, déterminée par son anatomie et sa physiologie propres. Cette autonomie ne l’empêche toutefois pas de s’intégrer à l’organisation rythmique générale de notre organisme, par exemple en ajustant son rythme à celui de l’activité pulmonaire, elle aussi rythmique. Celle-ci, de son côté, s’adaptant en permanence à l’activité physique ou psychique de l’individu par le biais d’une augmentation ou d’une diminution de la fréquence et de l’amplitude respiratoire. L’équilibre entre les pôles se déplace ainsi constamment au gré des nécessités physiologiques, tout en restant en équilibre loin des extrêmes des pôles.


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Troisième aspect de la polarité: l’interaction



Nous avons coutume de prendre les extrêmes comme points de référence et s’ils sont générateurs de tensions excessives, de chercher une «voie médiane». Ce faisant, nous oublions que dans une polarité il n’y a pas de voie médiane. Être sur une voie médiane, c’est être hors de la polarité. Nous utilisons les termes «homme» et «femme» pour rendre compte de la polarité des sexes, mais nous disons «enfant», peu importe qu’il s’agisse d’un garçon ou d’une fille, montrant ainsi que l’enfant ne s’est pas encore distingué dans cette polarité sexuelle. Il en va de même des ressentis subjectifs du bien-être et du mal-être, qui sont déterminés par notre relation avec notre environnement. Dans ce cas, parcourir une voie médiane nous conduirait hors de la réalité polaire de l’existence et nous rendrait insensibles aux influences de notre environnement. Lorsqu’une polarité déclenche des mouvements, il en résulte non pas un «état intermédiaire» statique, mais au contraire des interactions continues, qui se traduisent par des mouvements cycliques et rythmiques.

Toutefois, s’ils n’étaient gouvernés que par deux forces, les cycles polaires ne seraient que des mouvements fermés, formant des cercles parfaits. Il y aurait certes mouvement, mais répétitif, produisant toujours le même cycle fermé sur lui-même, dans un sur-place sans fin. Or, les cycles parfaitement fermés n’existent pas dans la nature. Si c’était le cas, on aurait affaire à un mouvement perpétuel, concevable uniquement dans un système hermétiquement clos. Dans la réalité, les phénomènes rythmiques ont toujours entre eux des «relations de voisinage»: ils influencent d’autres systèmes dans leur environnement et sont eux-mêmes influencés par ces derniers. Il y a donc interaction non seulement entre les pôles générateurs du rythme, mais aussi entre le rythme et son environnement. Dans la succession des jours et des nuits, chaque nouveau cycle journalier présente la même structure que le précédent, mais la durée du jour et de la nuit change.





Chaque cycle débute bien sûr au même point que le précédent, mais pas dans le même plan. Il ne suit donc pas le tracé d’un cercle fermé, mais progresse dans l’espace, dans la troisième dimension. Par leur succession, les cycles forment ainsi une hélice s’élevant dans l’espace, révélant l’existence d’une troisième force ou d’un troisième mouvement, perpendiculaire au plan où s’exercent les deux forces de sens contraire de la polarité. Ce n’est que grâce à ce troisième mouvement que le cycle polaire ne se répète pas à l'identique et s’ouvre à d’autres influences en s’intégrant à son environnement, pouvant ainsi évoluer. Nous constatons que dans les cycles polaires, c’est ce mouvement dans la troisième dimension, ou troisième aspect de la polarité, qui permet à l’activité rythmique de s’adapter à l’environnement. Comme nous l’avons déjà souligné, si les cycles polaires étaient fermés, chaque nouveau cycle se confondrait avec le précédent, dans une identité parfaite. Dans le modèle de l’hélice, au contraire, les cycles sont non pas identiques, mais similaires entre eux: ils présentent la même structure de base, mais peuvent être un peu plus longs ou plus courts ou se rapprocher légèrement de l’un ou l’autre pôle. Aussi insignifiante qu’elle puisse paraître, la nuance entre identique et similaire est le pivot de toute évolution. En subissant de très légères modifications à chaque nouveau cycle, l’objet du cycle se transforme progressivement, évolue imperceptiblement, mais régulièrement, et finit par acquérir une nouvelle signification. Le troisième aspect de la polarité ouvre ainsi la voie à de nouvelles possibilités.





Reprenons pour exemple le mouvement cyclique entre bien-être et mal-être. Nous savons pertinemment que nous ne commençons jamais un nouveau cycle exactement dans les mêmes conditions que le précédent. Pourquoi? Simplement parce que chaque cycle bien-être/mal-être est une expérience qui nous a fait évoluer. Le troisième aspect de la polarité est donc le moteur de notre croissance, de notre développement et de notre épanouissement.


Il ne faut toutefois pas oublier que cette vision géométrique des polarités n’est qu’une simplification sommaire de la réalité. Nous vivons en effet dans un enchevêtrement complexe d’hélices telles que décrites ci-dessus, qui se superposent les unes aux autres et s’influencent réciproquement, pilotées par le troisième aspect de la polarité inhérent à chaque cycle. Nous sommes exposés en permanence aux rythmes de notre cœur, notre respiration et notre digestion, à ceux de l’éveil et du sommeil, du bien-être et du mal-être, ainsi qu’à de nombreux autres rythmes extérieurs, souvent dictés par notre vie sociale, comme ceux des heures, des jours, des semaines, des mois et des années. Notre parcours de vie lui-même suit des cycles qui débutent souvent par des événements patents, comme la croissance de la première dent de lait puis de la dentition définitive, la puberté, la fondation d’une famille, la retraite, etc. De même, une jeune plante produit à intervalles réguliers, tout le long de sa tige, des feuilles qui changent légèrement de forme au fur et à mesure qu’elle croît. La plante passe ensuite à la production de sépales, de pétales, d’étamines et de pistils, entrant alors dans un nouveau cycle, celui de la croissance végétative et du développement de sa semence.

On peut admettre que le troisième aspect de la polarité relève d’une loi fondamentale s’appliquant à toute polarité et qu’il est indispensable pour dépasser le cadre étroit et limité des mouvements cycliques fermés. Il nous permet de prendre du recul par rapport aux événements du moment, de reconnaître des causalités et des liens avec d’autres cycles. Il ouvre des possibilités créatrices au cycle suivant, de sorte que celui-ci, bien que sa structure de base reste inchangée, peut progressivement s’engager dans de nouvelles voies. Le troisième aspect de la polarité permet aussi aux cycles inhérents aux différents systèmes fonctionnels d’interagir entre eux. Ainsi, le «sens» que la manière de fonctionner d’un système donné a pour les autres systèmes devient évident et nous constatons alors que, sur le plan psychique également, le troisième aspect de polarité permet à chacun de se développer d’une façon qui crée du sens.


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Pour résumer, nous pouvons postuler que les polarités et leurs rythmes obéissent aux lois ci-après.

  1. ​Toute qualité implique l’existence de son contraire et c’est cette opposition que nous appelons polarité. Ainsi, de même qu’il n’y a pas de la vie sans la mort, il est impossible de penser au jour sans avoir connaissance de la nuit ou de penser « bien-être » sans avoir fait l’expérience du «mal-être».
  2. Toute polarité crée un champ de tension susceptible de déclencher un mouvement cyclique ou rythmique.
  3. Tout mouvement rythmique s’inscrit dans un axe spatio-temporel: lorsqu’un cycle s’achève, le cycle suivant ne peut en aucun cas lui être parfaitement identique, car entre-temps l’environnement a changé. Le nouveau cycle est donc similaire au précédent. L’interaction entre le cycle et son environnement permet au cycle d’évoluer selon le modèle du mouvement en hélice, qui représente le troisième aspect de la polarité

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Le caractère tridimensionnel des polarités est en résonance avec des connaissances humaines remontant à des temps immémoriaux, comme en témoignent les différentes formes de trinités observées dans de nombreuses cultures. Je tente pour ma part de le mettre en évidence non pas à partir d’une réflexion spirituelle, mais plutôt en observant les phénomènes polaires qui jalonnent notre vie quotidienne.

Ils jalonnent notre quotidien, mais souvent nous ne nous rendons pas compte que durant ces états nous nous trouvons en milieu d’une dynamique polaire, comme dans le bien-être et le mal-être, dans les interactions entre hommes et femmes dans leur polarité du genre, dans les interactions et formes d’expression polaires des enfants (admirer/mépriser, jouer/se disputer, penser/agir, curiosité/désintérêt, timide/contrat facile ou encore s’appliquer/s’impliquer). Pris pour eux-mêmes, tous ces pôles ne sont guère significatifs. Il faut donc les considérer dans leur dynamique duale, complétée par le troisième aspect de la polarité.

Enfin, le caractère tridimensionnel des polarités peut donner une explication du phénomène de la périodicité de trois aux positions dans la fratrie.


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2. Concept dynamique de la santé



Bien qu’habituellement perçues comme opposées, la santé et la maladie ne constituent pas une véritable polarité. En revanche, nous vivons de vraies oppositions complémentaires au gré des changements quotidiens de notre ressenti: nous nous sentons tantôt bien, tantôt mal, nous vivons des moments agréables et d’autres désagréables, nous avons des «bons jours» et des «mauvais jours». Ces états de bien-être et de mal-être alternent en permanence selon certains rythmes, autrement dit selon des cycles de différentes longueurs. Ils peuvent se succéder d’un instant à l’autre ou au contraire persister pendant plusieurs jours, semaines ou mois, voire pendant de longues tranches de vie. Des cycles de différentes longueurs peuvent ainsi s’inscrire les uns dans les autres ou se superposer.





Cas: Bien être et Mal être


Nicolas, 5 ans, est le troisième enfant d’une fratrie de trois. Depuis deux ans, il souffre d’angines répétitives exigeant chaque fois un traitement. Au début, ces angines se déclaraient tous les deux à trois mois, mais depuis un an, presque chaque mois. Au fil des récidives, la mère de Nicolas a fini par sentir des jours, voire des semaines, à l’avance quand la maladie allait revenir, parce que son fils présente régulièrement les mêmes comportements avant de tomber malade. Ces comportements sont énumérés ci-après dans l’ordre chronologique de leur apparition:


  1. suce d’avantage son pouce;
  2. mange sans joie;
  3. devient lent; si on lui dit quelque chose, il met un moment avant de réagir;
  4. ne se défend pas, mais va tout rapporter à sa mère;
  5. parle comme un bébé; veut être drôle, mais ne l’est pas;
  6. s’efface: si on n’a pas de temps pour lui, il se réfugie dans sa chambre et on l’oublie facilement;
  7. fatigué; en jouant il pose sa tête sur la table;
  8. devient collant;
  9. devient très sensible à chaque petite remarque; va pleurer dans un coin;
  10. ne veut plus manger de lui-même; on doit le nourrir.


La maladie, avec fièvre et mal de gorge, se déclare régulièrement un ou deux jours après l’apparition des deux derniers signes précurseurs. Les autres signes peuvent aussi se manifester en dehors des périodes de maladie. Selon les circonstances, ils apparaissent isolément ou en combinaison, mais ne durent qu’un ou deux jours, voire quelques heures seulement dans une journée. Ces signes sont typiques de l’état de mal-être de cet enfant et alternent en permanence avec ceux caractérisant son état de bien-être, que la mère décrite comme suit:


  1. enfant joyeux, qui rigole et chante;
  2. humour;
  3. le soleil de la famille;
  4. joie de vivre;
  5. veut faire comme ses frères et sœurs;
  6. soif d’apprendre;
  7. câlin;
  8. rayonnant, tout le monde l’aime;
  9. actif, prend l’initiative, rapide, court avec endurance;
  10. s’occupe seul, dessine avec beaucoup d’imagination;
  11. se défend bien.


Si nous étudions ce cas, nous constatons que le vrai problème ne réside pas dans la maladie elle-même ou dans sa chronicité. En effet, l’oscillation permanente entre bien-être et mal-être représente l’état normal, physiologique, de l’enfant. La maladie n’apparaît que si les signes de mal-être deviennent plus complets et plus envahissants et se figent, c’est-à-dire n’alternent plus régulièrement avec les signes de bien-être.





La santé définie comme une
oscillation du ressenti

​entre le bien-être et le mal-être.




Le vrai problème est donc que l’enfant reste bloqué dans l’un des deux états de son ressenti, en l’occurrence le mal-être. La guérison de la maladie doit alors viser à rétablir l’oscillation physiologique normale entre ces deux états. Les symptômes de la maladie n’ont alors plus de raison d’être et disparaissent. De ce point de vue, la plupart des maladies courantes sont une tentative de l’organisme d’amener, à l’aide de formes d’expression extraordinaires – à savoir les symptômes de la maladie –, un changement dans l’état de blocage du patient. Dans la plupart des cas, ce changement finit par rétablir l’alternance normale des états de bien-être et de mal-être: l’enfant reste à la maison, a de la fièvre, dort beaucoup, a sa mère pour lui seul pendant quelques jours et retrouve ensuite son quotidien habituel.


Si nous considérons les états opposés de notre ressenti isolément, nous voyons dans le bien-être joie, plaisir, ouverture et curiosité. Or, sans la contre-régulation par le mal-être, ces qualités nous mèneraient vers un état permanent de dispersion, d’agitation et d’euphorie exagérée et finalement vers la désagrégation. Inversement, nous distinguons dans le mal-être l’introspection, le repli sur soi-même, et distance vis-à-vis de notre environnement et si le bien-être ne venait pas tempérer cet état, le mal-être se figerait dans le renfermement, l’indifférence, la faiblesse, la douleur, le désespoir, la dureté, voire dans l’invalidité et un profond engourdissement. Bien-être et mal-être forment donc une vraie polarité, en ce sens que pris isolément, aucun des deux pôles n’est compatible avec la vie. Pour préserver celle-ci, l’organisme s’efforce en permanence de se maintenir dans un état d’équilibre dynamique entre les pôles opposés, oscillant rythmiquement de l’un à l’autre, mais en restant toujours à bonne distance des états extrêmes. C’est cette oscillation continuelle entre les pôles du bien-être et du mal-être qui gouverne notre santé.


Toutefois, il faut s’abstenir de considérer l’état de bien-être comme «bon» et celui de mal-être comme «mauvais». L’appréciation de notre état en termes de «bien» et de «mal» ne fait que refléter notre ressenti subjectif de ce constant va-et-vient entre bien-être et mal-être. Or les deux états sont indispensables et ne peuvent se concevoir l’un sans l’autre, indépendamment de tout jugement de valeur. On peut penser par exemple avec un regret, le soir: «Dommage, le jour est fini, la nuit tombe…». La nuit est donc ressentie comme «mauvaise». Mais imaginons un instant qu’il n’y ait subitement plus de nuit: on l’attendrait alors bientôt avec nostalgie. De toute évidence, nous avons besoin de ces changements d’état continuels, même si, comme dans l’exemple, on regrette un instant celui qui vient de s’achever. Dans le cas présenté plus haut, le bien-être de Nicolas, s’il n’était pas retenu par son mal-être, mènerait vers un état d’agitation extrême, une euphorie enivrante, préparant ainsi le terrain à la déclaration d’une maladie tout autant que lors de ses blocages périodiques dans son état de mal-être.


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3. La guérison



Une définition générale de la guérison pourrait être formulé comme suit : une amélioration de l’état général qui induit une disparition des symptômes de la maladie.


L’expression « état » général dérange. Il ne prend pas en compte le fait que la santé est tout le temps en mouvement entre le bien-être et le mal-être. Suivant les propos du dernier chapitre nous pouvons donner une définition de la guérison plus nuancée:

La remise en oscillation équilibrée entre le bien-être et le mal-être d’un organisme qui était figé dans l’un des deux pôles. Cette remise en mouvement induit une disparition des symptômes de la maladie. On ne vise pas le symptôme en soi mais le fonctionnement général dans sa dynamique entre le bien-être et le mal-être. Le symptôme disparaît alors.


Dans la plupart des cas le symptôme représente même un essai de l’organisme afin de recréer la libre oscillation entre le bien-être et le mal-être. Par exemple un enfant tousse, a de la fièvre et reste pendant 3 - 4 jours à la maison où il a sa maman pour lui tout seul, après quoi il reprend – guéri – son quotidien scolaire.


Ainsi la condition pour parler de guérison est qu'il n'y ai plus seulement disparition du symptôme mais aussi obligatoirement une amélioration de l'état général.


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II. Méthodes





1. «Quantifier» l'état général



Pour pouvoir parler de guérison, l’état général doit avoir été amélioré. Comment quantifier l’état général ?


Durant la consultation apparaissent régulièrement des signes « un peu » désagréables mais le patient les accepte, habitué à vivre avec eux. Par exemple il a régulièrement des endormissements qui durent ½ à ¾ d'heure, dû à des pensées soucieuses ou au contraire à des pensées de ses désirs et projets qui empêchent l'endormissement, il peut avoir aussi le matin un réveil lourd et difficile, ou bien encore en mangeant, il n'arrive plus à atteindre un sentiment de satiété et doit s'arrêter « pour ne pas grossir ». D'autres ont à chaque fois qu'ils se trouvent en situation de stress, des ballonnements.

Dans la consultation je retiens tous ces signes « anodins». Si, après la prise du remède, le symptôme principal disparaît et en même temps une bonne partie des signes anodins, je peux considérer la disparition de la maladie comme une vraie guérison avec l'amélioration de l'état général et non pas comme une disparation par hasard ou même comme une suppression.





2. Signes ou symptômes



Dans l’homéopathie nous distinguons les signes des symptômes.


Concernant les signes, il s'agit de formes d’expressions qui ne sont ni mauvaises ni bonnes, mais caractéristiques et typiques de la manière de fonctionner d’un individu. (Voir menu II, « homéopathie »)

En revanche, les symptômes sont des formes d’expressions ressenties par le patient comme «désagréables» ou dérangeant son entourage (ou les symptômes peuvent aussi susciter un soupçon de maladie).


Par exemple : il est naturel que les enfants montrent plus de vitalité que les adultes. L’activité liée à cette vitalité peut même apporter de la joie aux parents. Cette vitalité représenterait alors un signe qui est typique pour cet enfant.

Si cette vitalité dérange, c’est dans la plupart des cas parce que l’enfant ne se sent pas à l’aise dans sa peau. Il est agité et se disperse dans un activisme. « Agitation », «dispersion» et «activisme» seraient alors plutôt des symptômes.

Les signes peuvent être neutres ; ils sont alors typiques pour l’une ou l’autre personnalité. Ils peuvent aussi être une expression de capacitées spécifiques. Par exemple les premiers enfants montrent généralement la capacité bien développée d’observer, tandis que les deuxièmes enfants montrent plutôt la capacité bien développée de la perception du toucher.

En général ce sont les signes, plutôt que les symptômes, qui mènent en homéopathie vers le tableau du remède, surtout s'ils expriment des capacités typiques de la personne.


Les symptômes, surtout ceux de maladies, sont généralement moins typiques d'une personnalité que d'une maladie et ont donc moins de valeur que les signes.


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3. Le pré-état des maladies



Dans le cas de l’enfant malade décrit plus haut, sa mère nous parle aussi de son état précédant régulièrement la maladie. Ces pré-états sont fréquents et décrivent des tableaux typiques du mal-être qui est caractéristique du fonctionnement général du patient.


Ces pré-états étonnent souvent par leurs manifestations concises et ils révèlent par la chronologie de l’apparition des symptômes, le « mécanisme » du mal-être. "Mécanisme" qui est d'une grande aide pour la compréhension de la souffrance du patient.


Dans le cas cité plus haut, il s’agit d’une maladie récurrente aigue. Ces pré-états se montrent aussi régulièrement avant l’apparition de maladies chroniques et aident aussi par là à comprendre la maladie.


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